L'Artiisant Production

Voilà le blog de L'ARTIISANT PRODUCTION, label associatif monocorpus créé en 2001. Peu à l'aise et de toute façon peu attiré par la modernité (argument capitaliste/escroquerie participative) je tente malgré tout de surnager avec ces outils informatiques aussi fiables qu'un défenseur du PSG. L'Artiisant n'a pas d'ambition affichée, peu de moyens, aucune subvention, aucun compte à rendre, ne se considère pas comme un "petit label", mais bien comme un "label". Il est grand temps d'arrêter les formules restricitives, les autoflagellations, les hiérarchies culturelles, les jugements quantitatifs. L'action n'a pas de mesure, pas de verre doseur, chaque acte est irrémédiable et participe à un tout. Le quotidien a plus de sens que le film du dimanche soir.

L'ARTIISANT PRODUCTION : 84 En Reculet 01250 RIGNAT . . . . . . . . . . elliottgabony@hotmail.com

Chroniques live


La Yves Report 
FLYING DONUTS + SECOND RATE
jeudi 1er mai 2014 / Lapéniche (71 Chalon s/S)

Je pensais trouver une salle comble pour la 2ème des 5 dates de reformation de Second Rate, bah non, une petite centaine de curieux ont fait le déplacement. Pourtant la très rock'n'roll salle de Chalon me semblait idéale pour ce type d'événement.
Les trois FLYING DONUTS se lancent à 22h bien sonnés. La veille à Besançon ils avaient cartonné avec l'intégralité de leur premier album de 1998. Ce soir ils proposent un éventail plus large de leurs titres, notamment leur dernier skeud "Still active". Faut avouer que l'ensemble n'est pas excitant. Les titres sont lourds et généralement sauvés par les chants, et quand ceux-ci s'effacent on ne trouve que des riffs pas toujours digestes, un peu longuets. Dommage, ça joue bien et leur énergie couplée à leur sympathie donne envie de les soutenir.
Puis, devant un public attentif mais très discret, SECOND RATE prend place. Leur set est chronologique et attaque par "Darkness slowly wraps me up" puis l'imparable "Death takes me away". Ca envoie bien même si l'ambiance est plus conviviale et cordiale que furieuse. Samy à la guitare semble bien stressé alors que Jon fait plus dans la force tranquille. La voix de Sylvain est toujours aussi chaude et posée, à la manière des Thugs. A la basse ils ont eu la bonne idée de partager le set entre Lutin et Billy, chacun avec ses propres son et caractère : solide et poilu pour le premier, dynamique et imberbe pour le second (rate).
Tout file droit et sans embûches, ça ronronne un peu mais le concert est bon. "Paul loves that", "Wild creature", pas de rappel, on se contentera de visiter le merchandising pour trouver l'intégralité des ré-éditions et se faire plaisir un peu plus longtemps.
Flying Donuts

 
 Second Rate

 
La Yves Report 
(THE RAINBONES) + BATON ROUGE
vendredi 18 avril 2014 / Le Trokson (69 Lyon)

Les pentes de la Croix-Rousse accueillent mes ami-e-s et moi pour un soirée au Trokson, bar rock'n'roll de Lyon. Ce soir je me lance dans des grandes discussions amicales et je loupe totalement THE RAINBONES, pas entendu une seule note ni vu leurs têtes. Désolé les gars je ferai mieux la prochaine fois.
La soirée avançant c'est le grand retour de BATON ROUGE, les 4 ex-Daïtro qui avaient sorti l'excellent premier album "Fragments d'eux-même" début 2011 (cf chronique skeud) puis dans la foulée le 7" en juin 2011, ont oeuvré depuis pour préparer "TOTEM", album à venir en juin. Pour ce retour scénique ils mêlent donc anciens et nouveaux titres. Ca commence par le très chouette "Ca colle à la peau", et le son est étonnamment bon (vu le lieu). Tout est clair et cohérent, même les voix sortent comme il faut. Donc d'entrée les 60 potes sont plongés dans ce rock émotionnel et nerveux, avec chants en français. Ensuite les nouveautés se frayent un chemin, plutôt avec bonheur, même si un ou deux titres (musicaux) manquent d'évidence. Ils se cherchent, prennent le temps (trop ?) de créer l'ambiance, naviguent dans des méandres atmosphériques pas inintéressants. Les voix se font de plus en plus rares, le jeu de batterie de LouiB est toujours inspiré. Le nouveau "Train de nuit" est vraiment très bon.
Dans ce contexte hyper-convivial et de proximité le public a besoin de partager ce qu'on appelle grossièrement des "tubes" : les 4 nous offrent donc d'abord "Assis sur un banc", excellent, puis l'incontournable "Que des fils". Joli, vraiment joli.







La Yves Report
HYACINTH DAYS + ETENESH/SOURISSEAU
vendredi 21 septembre 2012 / La Triperie (69 Lyon)

Soirée chouette parce que La Triperie en mode cosy c'est parfait !
Le copain HYACINTH DAYS stressé à mort pour son 4ème concert en 2012 (mais l'année n'est pas finie mon gars !), il prend place sur les quelques centimètres de hauteur de la scène, il n'en a pourtant pas besoin vu son gabarit. Sa basse précision, son combo, sa touffe spongieuse, son petit cahier pas loin, il se lance dans un set retravaillé, "avec des nouveautés". Ses parties de basse sont posées sans retenue, avec conviction, ce qui apporte ce son chaud et droit, un son proche d'un Fugazi ou d'un Camera Silens, ces tournes de basse envoûtantes et complètes qui ne demandent rien de plus qu'une voix. Bah la voix elle arrive, plus fine qu'on ne l'attendait. Vaguement perchée dans les aigües, pas timide mais un peu polie, en anglais pour moins se dévoiler, faut dire qu'avec un projet comme celui-ci il est déjà presque à poil devant nous. Un set court, mélodique, tendu, technique l'air de rien, franc et humble. Pas de rappel, on retournera le voir donc. Avant 2013 ?
Puis le duo ETENESH WASSIE au chant et MATHIEU SOURISSEAU à la basse électro-acoustique a pris position, en toute simplicité. La chanteuse d'Addis-Abeba (Ethiopie) est debout, droite sur la scène, en robe blanche, et Mathieu sur sa chaise, quelques pédales et accessoires aux pieds. Ils proposent des poèmes musicaux avec une voix particulière laissant libre-court à des onomatopées et gestuelles traditionnelles d'éthio-jazz, et des sons de basse déroutants, parfois doux et mélodiques, parfois sombres et violents, n'hésitant pas à taper du poing ou jouer à l'archet des cordes saturées. C'est déroutant, parfois on perd le fil, mais on se raccroche toujours tant la qualité est indiscutable et le dépaysement total. Le lieu et l'écoute attentive du public étaient complètement en accord avec la prestation.
[Bon, les photos ne sont pas terribles...]



La Yves Report
SEB & THE RHAAAAADICKS + TRINGLES
vendredi 13 juillet 2012 / Le Toïtoï (69 Villeurbanne) 

Entre les feux d'artifices nationalistes sous la pluie et un concert avec que des gens que j'apprécie, j'avoue que le choix était vite fait. Le Toïtoï est un café-concert à Villeurbanne, bien foutu, bien équipé, bonne petite jauge, aucune subvention, bière pas très chère, accueil sympa (Mathilde, David, Boudou, Caro), donc ça commence bien. Je retrouve un Seb Radix (enfin SEB & THE RHAAADICKS) en mode tranquillou, baby-sitter avec le gamin, qui attaque la soirée posé devant la scène : morceaux assis à la guitare 12 cordes, l'écoute est attentive et bienveillante. Ensuite le gars monte dans les tours et sur sa chaise, puis sur la table, c'est là qu'il est le meilleur. Rugueux, inventif et spontané, les titres blues-punk joués par tous les membres du groupe (héhé) tiennent la route dans cette ambiance de lundi soir (mais on est pas vendredi ?!). Pas de rappel, pas d'excès, un set simple, comme à la maison, en famille.
Sur la scène les 4 TRINGLES s'installent gentiment. Des balances rapides et sans la guitariste ne les rassurent pas vraiment, alors le début est diesel. Service minimum, morceaux appliqués, récités, pas de folie, pas de hargne. Il faut attendre les premiers pains pour décoincer les filles et sentir le son prendre une autre dimension. Là ça devient intéressant et le public commence à jouer le jeu aussi. Ensuite on navigue entre prestation gentille voire frustrante ("Train", "Hug or Fuck") et bonnes patates ("Doggy Bag"), faut dire que Mélanie la bassiste a mis du c(h)oeur à l'ouvrage, et Fine la batteuse s'est éclatée sur des impros vraiment... imprévues. Les interventions n'apportent pas grand-chose et la plupart des sons de guitare manquent de grain, mais la dynamique d'ensemble et les arrangements (voix) parviennent à porter le tout. Au final une soirée conviviale, rock'n'roll et qui finit pas tard.



La Yves Report
CHEVERNY + BÂTON ROUGE + SILENT FRONT
mercredi 06 juin 2012 / Le Sonic (69 Lyon)

Enfin ! Enfin je découvre le Sonic ! Bah oui, entre le boulot et ma géolocalisation douteuse c'est la première fois que je déboule au Sonic de Lyon. Bon, c'est pas non plus le rêve de ma vie mais ça reste un lieu où il se passe des choses.
Je voulais d'abord voir CHEVERNY, avec 2 anciens Kiruna. Pour leur deuxième concert j'arrive juste à temps pour savourer ce rock assez dense, pas très rapide, avec de sacrées lignes de basse et le son qui va avec. Forcément vu le lieu (péniche aménagée et place limitée) le son est puissant (ça veut dire fort). Mais je rentre de pleins pieds dans ces morceaux assez noisy, proches du hardcore mais avec toujours une pureté rock'n'roll et un chant aérien avec une bonne réverb. Etonnant certes mais ça apporte une couleur post-punk très intéressante qui évite de tomber dans le bourrin ou le déjà-vu. J'ai très envie de les revoir, et pourquoi pas les programmer près de chez moi à l'occasion.

Enfin -là-encore- je vois les potes de BÂTON ROUGE. Les quatre presque ex-Daïtro semblent fatigués, et pourtant leur prestation est loin d'être mollassonne ! Pas mal de titres que je ne connaissais pas, notamment les titres du dernier 45t. J'avoue que l'ensemble m'a semblé un peu chargé et trop puissant en comparaison des arrangements de leur premier album. Ils ont toujours le sens de la mélodie qui prend aux tripes et quelques idées plus bruyantes avec toujours une précision qui évite le piège de la gratuité, mais personnellement j'aurais préféré un son plus subtil, moins saturé. Toutefois la qualité de ce groupe est absolument indéniable, et leur excellent titre "Que des fils" incontournable pour clôturer le set tient bien sa place. Je repars avec le skeud qui me manquait et j'espère les revoir bientôt eux aussi.
  
Pour finir le trio SILENT FRONT que j'avais découvert en mai 2011 du côté de Grnd Zero (cf chronique). Le début du set me plait bien avec une grosse basse impressionnante et des titres relativement épurés. Ensuite on est arrivé à une densité excessive, les morceaux semblant tourner un peu en rond, et les larsens se cumulant au niveau sonore proche des 110. Assez vite leur hardcore poilu a offert tous les ingrédients mais sans trouver la saveur pour me faire totalement vibrer. La fatigue et le son jouant sûrement leurs rôles...



 
La Yves Report
SEB & THE RHÂÂÂ DICKS
jeudi 19 janvier 2012 / La Tannerie (01 Bourg en Bresse)

Ouverture de trimestre à La Tannerie, c'est-à-dire présentation de la programmation à venir avec projection de vidéoclip, apéro et cacahuètes et concert de proximité au "doudoune bar", l'espace-rencontre du lieu.
Après le vernissage de l'expo photos d'Olivier Draussin voilà le Séb Radix (alias "Radix & the Seb", "C'est bras 10", etc) dans son one-man-bricole-band. Il joue de la guitare avec ses mains, il chante avec sa bouche, il pianote un vieux clavier avec son pied droit, il déclenche des samples avec son pied gauche, il gère le son et les bidouilles avec son troisième bras, il se trémousse avec son cul, il grimace avec sa tronche. Radix, c'est l'anti-star par excellence, l'anti-professionnel garanti à vie.
Il présente des morceaux qui partent du blues jusqu'à des interventions hurlées-dansées proches du punk à pépé. Sa voix de crooner fait sensation, les jeunes filles du premier rang découvrent un nouveau monde, les habitués du lieu se délectent, les curieux de passage se décroûtent les zygomatiques. C'est pas toujours fin, c'est pas toujours audible, c'est rarement précis, certes. L'important c'est l'action artistique qui tombe là, à ce moment, avec toujours la recherche du petit décalage, drôle ou surprenant, provocateur ou bienvenu. Mention spéciale à ses interventions de pogoteur équilibriste sur les têtes des lycéennes hurleuses et ses tribulations aux quatre coins de la pièce, micro à la main, comme un Elvis qui aurait retrouvé son poids initial.
Le gars enchaînait le lendemain avec une journée de studio sur Lyon pour mettre en boîte quelques titres de son cru.


La Yves Report
VEUVE SS + MANNEQUIN + CHILD MEADOW
samedi 17 décembre 2011 / La Triperie (69 Lyon)

De retour à La Triperie, on y prend goût. Moins fourni ce soir que pour la venue de Rvivr, mais une petite cinquantaine de fidèles quand même.
Quelques secondes avant de commencer on trouve Hugues des Veuve SS courir les rues à la recherche d'un micro... Finalement l'objet est trouvé mais ne sera pas d'une grande utilité : on n'entend rien ! Autant le reste (batterie-guitare-basse) fait illusion, autant le chant est vain. Toutefois Hugues n'est pas en reste et son attitude provoc/rageur rajoute aux morceaux une pesanteur intéressante. Les titres de ces lyonnais puisent dans le rock agressif, parfois grind, parfois doom, avec des passages sévèrement tenus et poussés jusqu'aux tréfonds du diable vauvert. Le public bienveillant reste toutefois relativement froid, faut dire que le groupe appuie là où ça fait mal. Un set qui ne fait pas tourner les serviettes d'un petit bonhomme en mousse.
 
Le duo grenoblois-mais-un-peu-savoyard-et-strasbourgeois-quoique-bientôt-mexicain entre en piste. MANNEQUIN, frangine et frangin, batteuse hurleuse et guitareur crieur. Déjà vu et apprécié en juin au 102 de Grenoble, là c'est encore du bon. Belle qualité technique et surtout des enchevêtrements rock, noisy, math-rock, avec un plaisir non feint. Là-encore la sono ne sert à rien, le chant est resté dans l'air et rarement dans nos oreilles. Camille à la batterie a une frappe précise, une approche percussive qui fait penser à Marylise de Vialka, avec un style bien plus épuré, plus rock. Bientôt en stand-by pour voyage au soleil. A revoir pour le plaisir dès que possible.
 
Le duo de fadas toulonnais CHILD MEADOW, échappés de Bökanövsky, boucle cette soirée. Avec eux c'est toujours la simplicité, l'humour, voire une espèce d'amateurisme apparent... Ah oui mais quand ça joue tout le monde plonge et frissonne. Un univers tendu et efficace, et les nouveaux titres tiennent bien la baraque. N'insistons pas sur la sono rincée qui nous tient éloignée des textes, on s'accroche aux riffs de gratte de Clément et à la bouille de Pierre, qui se permettent quelques nuances noisy sur un instru délayé et planant. Je me procure évidemment le skeud "Crisy BBQ tofu burger" sorti le mois passé, ainsi que le cd de Mannequin dont la sortie traînait depuis belle lurette... et je rentre en Bresse, sous la tempête de neige, bien content, tout simplement.


La Yves Report
SPORT + BITPART + RVIVR
vendredi 7 octobre 2011 / La Triperie (69 Lyon)

Bien content de venir enfin à la Triperie, magnifique lieu sur les pentes de la X-Rousse. Pierres apparentes, poutres, mur de vinyls, arrière-salle qui fait office de bar, petite scène qui donne envie de jouer, deux-trois éclairages de principe, l'idéal pour se sentir bien... Un vrai petit loft pour alternos ! La sono est rudimentaire et c'est SPORT qui en fera les premiers frais : problèmes de câbles, chants à peine audibles, les quatre sportifs ont dû puiser loin les ressources nécessaires pour trouver la niak ! Faut dire qu'ils se retrouvent après de nombreux mois éparpillés, et ça se sent. L'ensemble manque de cohérence et de calages, mais gagne en spontanéité. Ca reste toujours à la sauce franco-ricaine comme ils savent faire. A poursuivre.
Découverte pour moi du trio BITPART. Batteur absent c'est le batteur de Rvivr qui s'y colle. Un son éxécrable, la basse mollassonne, la guitare faible, la sono saturée, le batteur (forcément) sur le fil... Les titres naviguent entre rock nerveux et emo-punk'n'roll (oui, bon...), et j'ai du mal à comprendre quelque chose... Ils ont pourtant une bonne expérience avec pas mal de dates notamment aux US, mais ce soir c'est limite... J'espère les revoir très bientôt, là c'est un coup pour rien.
Enfin, RVIVR, les Olympiens de l'état de Washington qui enchaînent une tournée incroyable non-stop entre Allemagne, Pologne, France, Irelande, Angleterre... déboulent à Lyon un an après leur carton au Grnd Zero. Dès le début on sent la maîtrise. Même si la sono n'est pas en meilleur état pour eux le son est carrément costaud ! Ils savent y faire... Une nouvelle bassiste qui apporte une présence dynamique et teigneuse ("We really wanted someone who could bring feminine energy to the band. It was the way the band worked previously"), la frappe de Kevin est précise et puissante, et toujours le duo mixte guitare-chant avec Matt Canino ("I don't really have a mullet... it's more of side pony tail") et Erica Freas qui donnent un patate incroyable aux morceaux du quatuor.
Les voix éraillées aux accents d'Amérique profonde poussent le public à partager chaque seconde du concert, à chanter en yaourt des textes pourtant intelligents, à lever les bras pour communier avec les dieux de l'underground. Titres après titres, "Grandma", "Edge of living", "Rain down", ils prennent un sacré plaisir à jouer et le lieu convivial et châleureux s'y prête vraiment bien. Rien à dire, rien à redire. 



La Yves Report
TORTICOLI + SPORT + SILENT FRONT + FORGETTERS
jeudi 19 mai 2011 / Grnd Zero Gerland (69 Lyon)

 Annoncé à 21h pétantes le concert a donc démarré à 21h40 (on a connu pire...). Premiers hors de scène c'est le trio TORTICOLI qui s'y jette. Annoncé noise blues, effectivement, je rajouterai math-rock tant leur imbroglio musical semble issu de l'algèbre. Mais le son gavé de lampes et la sueur sous les bras nous rappellent aux principes essentiels de cette garage-party. 2 guitares et une batterie, avec Alex Casatto l'ancien guitariste-compositeur de La Fiancée de l'Atome. Précision peu anodine tant on ressent ses riffs tendus et dissonnants, armé de sa Jaguar, toujours aux confluents des Blond Redhead et autres Sonic Youth. Les parties s'enchaînent, sans un mot, et je dois avouer que les envolées mid-tempo, magnifiques et mélancoliques, ont ma préférence. On peut déplorer quelques hésitations, un manque de calage rythmique (je cherche la petite bête), un léger manque de finesse, mais le groupe (se) donne sans réserve, et c'était leur première en public.

Deuxième groupe hors de scène, les quatre de SPORT. Complètement baignés dans la vibe ricaine ils posent d'entrée un rock tendance emo et pop, un indie-rock chaud et direct, sans fioritures, sans nouveauté non plus. On y retrouve Nak (Zero Absolu) qui se sent pousser des ailes à n'avoir qu'une basse à gérer, ses collègues se chargeant du reste : guitares, effets, batterie et ampli qui foire. Rien à signaler à part la bonne humeur et l'efficacité.

SILENT FRONT, activistes londoniens, trio abrasif, zicos calés et couillus. Une approche hardcore et pesante bien que leur musique soit plus du rock tendu et brutal. Un batteur et un bassiste un peu effacés mais ô combien importants, un chanteur-guitariste qui prend la place et dégage une puissance redoutable. Je ne suis pas rentré dedans à 100%, trouvant l'ensemble peut-être un peu trop lourd, voire poussif. Le chant surtout m'a semblé un peu neutre ou passe-partout. En tout cas ils font du bruit comme cinq, heureusement qu'ils n'étaient pas cinq !

FORGETTERS termine la nouba avec classe. Alex le chanteur des Jawbeakers, Caroline des Bitchin et Kevin batteur d'Against Me. Excusez du peu. Ce trio a posé un rock nerveux et maîtrisé, très classieux mais hargneux, rugueux mais subtil. Des grands tubes lignée Pixies où la basse tourne jouissivement bien et la voix de crooner du père Alex B.S. réchauffe les tripes des moribonds alcoolisés. Une force tranquille, un son quasi-parfait... Certains ont été déçus par un set "un peu léger", moi c'est ce qu'il me fallait à ce moment-là.






La Yves Report
NTWIN + JUBILE
jeudi 24 février 2011 / Spiderland-Chez François (01 Replonges)

Bouche à oreille pour cette nouvelle édition du Spiderland, co-organisé par Young & Green, concert semi-privé dans la grange du gars.
Un peu frisquet malgré le poêle à pétrole et conditions minimales niveau technique, ça va être rock'n'roll une fois encore !
Le trio Ntwin déboule de Marseille. Leur propos artistique est à contrepied de leur caractère discret : c'est franc, brut et noisy. J'avoue ne pas avoir tout bien cerné dans ce brouaha rurbain mais la formule guit-basse-batt a de la gueule.
Prix de la pugnacité au chanteur-guitariste pour ses cassages de cordes sur chaque morceau, prix de la niaque à la batteuse pour ses frappes tendues nourrissant des tempos fluctuants, prix de la créativité pour le bassiste et ses excellentes parties doublées d'un son rugueux-paf-dans-ta-gueule. La voix de la batteuse apporte beaucoup, et mériterait même de squatter un peu plus les avant-postes... A revoir plus en détails, et y'a plus qu'à trouver un nom moins popisant et l'aventure continuera d'être belle.

Puis encore bien plus tard dans la soirée bressane le duo stéphanois Jubilé se lance. Un batteur puissant et un chanteur-guitariste efficace. Là-encore ça envoie du noisy-garage pas très linéaire et bien assez volumineux. Heureusement qu'ils ne sont que deux ! Des compos destructurées, une guitare perçante, et la voix tapageuse qui maltraite les pauvres vieilles enceintes (rien à voir avec des mémés engrossées).
La fatigue et les tympans me poussent à zapper la fin du set. Ils ont dû terminer aussi bien qu'ils ont commencé. Moi je suis forfait.



La Yves Report
BINAIRE + SHELLSHAG + JAPANTHER
jeudi 27 janvier 2011 / Grnd Zero Gerland (69 Lyon)

Un Grnd Zero Gerland débarrassé de son faux-plafond pourri accueille une bonne petite foule (250 personnes me dira-t-on par la suite...?!) pour le retour du duo Japanther en ces lieux après leur dernier passage ouraganique (nda : néologisme). Toujours pas de chauffage, on dépasse à peine le (grnd) zéro...
C'est le duo marseillais BINAIRE qui lance le truc. 2 guitaristes-chanteurs et des machines, c'est binôme, c'est binaire, c'est bien. Naviguant entre noise punk et électro indus ils tendent l'atmosphère dès les premiers riffs et filent droit dans les noirceurs de leurs inspirations jusqu'à épuisement des tympans. Efficace, solide. Ce qui l'est beaucoup moins c'est la qualité des voix, sorte de pis-aller qui parasite plus ou moins le propos, un côté ados en pleine mutation qui tentent de s'assumer avec leurs maigres moyens. Ca fait chier de le dire mais ça m'a pas mal gêné. Ca ne m'avait jamais choqué les fois précédentes. On va dire que j'étais mal luné ce soir. La température a quand même bien gagné quelques points.

Puis je découvre le duo SHELLSHAG. New York, mixte, minimaliste. Plutôt attachant tant leur spontanéité est rock et leur originalité titille. John Driver (Shell) à la guitare proche du blues-folk bien que ça transpire le rock'n'punk, et Jennifer Shagawat (Shag) aux percussions : bah oui, un tom basse en guise de grosse caisse, et une caisse claire en guise de. J'avoue que je suis finalement resté à moitié convaincu, une fois digérée la rencontre de ma curiosité de blanc-bec et la fougue primale de leur "minimal rock, indie punk, warm and fuzzy, recorded, loud and unpredictable, live." Un peu long peut-être, mais c'est quand même devenu printanier par ici.

Pour finir c'est le (décidément) duo de (décidément) New York JAPANTHER qui déboule. 2 garçons ce coup-ci, un à la basse tendance baba-punk élevé au CBGB, l'autre en batteur ténébreux extraverti et showman évident. Toute la base est pop, c'est-à-dire que ça cherche forcément la mélodie, la conivance, le partage, parfois l'évidence, mais tout le reste est underground, alternatif, primaire, tortueux, sanguin, râpeux, épicé, couillu. Ca déborde comme les vieux concerts grunges de nos années pré-MTV, ça râcle comme une pierre ponce sur la corne de nos pieds bouffis. Il faut dire que le Ian Vanek tape sur sa batterie en doublon de séquences qui tiennent la barre ; lui impulse "simplement" le délire adolescent du frappeur intuitif le mercredi avec ses potes par dessus le dernier vinyl des Ramones. Ses grimaces, se assauts, sa transpiration par 10°, sa batterie pourrie, sa voix toujours prête à lâcher mais qui s'accroche au(x) poil(s) font que l'euphorie tient bon. Matt Reilly n'a plus qu'à faire le job, bouger les cheveux, baragouiner en anglais, faire des riffs de basse devant un public conquis. Après un petit coup de mou j'ai quand même fini par apprécier leur prestation. C'était un peu moins chaud/show que la dernière fois me dit-on. Et bin ça devait être vraiment bien la dernière fois pensé-je.
Photos chopées sur Triste Temps


La Yves Report
12XU + OFFSHORE RADIO + RVIVR
vendredi 1er octobre 2010 / Grnd Zero Gerland (69 Lyon)

Toujours bien content de dégager une soirée pour fréquenter un des derniers lieux où il se passe des vraies choses... Hors coups d'éclats ponctuels dans certains bars et salles institutionnalisées il faut bien admettre que l'équipe du Grnd Zero de Lyon tient la baraque dans un quasi-désert underground.
Après les incontournables salutations de vieux potes -ce qui nous rappelle inévitablement que le monde est petit et que les gens sont foncièrement sympathiques- le son du trio 12XU attire la petite centaine de personnes dans l'espace madmaxien et lunaire de la piste de jeu. Habitués du lieu et en terrain conquis Ju, Gwen et Hugues attaquent d'entrée avec des titres bien foutus, chantés en français à deux voix. Une approche rageuse mais une musique mélodique, une tension continue mais un esprit positif... le groupe tient un parfait équilibre qui nous fait dire qu'on n'est pas les plus malheureux mais putain notre quotidien nous fout la rage. Remise en question de tout son être, approches psycho-anthropo-politico-sociale, 12XU c'est du sérieux sans se prendre la tête. Un très bon moment avec un son plutôt maîtrisé, à voir et revoir sans lassitude.


Place aux Leedsien-ne-s d'OFFSHORE RADIO, inconnus au bataillon. Trio 2 garçons 1 fille, les poilus s'occupant des cordes, la souris de la batterie. Et tous au chant. Lignée punk-rock, tendance Clash sans les approches world mais plutôt sec et direct. L'ensemble est plus qu'honnête mais le manque de maîtrise, de précision, de calage et de niaque donnent un goût d'inachevé. La fille limitée à la batterie comme au chant s'en tire finalement la mieux avec cette dynamique infaillible et ce sourire imperturbable. Reconnaissons-leur un réel plaisir de jouer tout comme un bel avenir s'ils parvienent à choisir entre le rock sympa et le punk-garage hargneux, là c'est souvent le cul entre deux chaises.

Enfin déboule le double mixte américain RVIVR. Prononcez comme vous voulez ("ervivir", "arvaïveur", "revivre"...), peu importe, la question passe direct au second plan lorsqu'ils attaquent sans ménagement le premier titre. Dès cet instant on sait que ça va être la classe jusqu'à la fin. Le guitariste-chanteur, Matt Canino ancien de Latterman, a un énorme charisme et une voix extraordinaire. Sa collègue n'est pas en reste et balance des riffs de gratte teigneux et chante à donner des frissons. La section rythmique est carrée, quoiqu'un peu ronds de ventres, et permet à l'ensemble de sonner du feu de (Depar)dieu. Le son est efficace et l'énergie positivement présente. Même un cassage de corde ne gâche rien et permet à la chanteuse de tenir la baraque seule sur un guitare-voix qui fait dresser les poils.
Pas de moments faibles dans le set, une unité simple et homogène dans ces titres punk-rock, émo-pop-garage... L'avant-dernier titre, apparemment bien connu du public, sonne comme un hymne fédérateur, un tube évident. La classe, effectivement.



D'autres photos du concert sur Triste Temps.

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